Étienne Robial [lire aussi The Art Newspaper Édition française de décembre 2021] appartient au cercle de ces personnalités qui ont eu plusieurs vies. Connu d’abord pour avoir fondé les éditions Futuropolis, berceau des stars de la bande dessinée des années 1970 et 1980, il marquera ensuite l’histoire de la télévision française en tant que directeur artistique général de Canal+. À ce poste, où il restera plus de vingt-cinq ans, il invente le concept d’habillage télévisuel, qu’il appliquera à plusieurs chaînes de télévision et titres de presse. À 76 ans, Étienne Robial est aujourd’hui enseignant à Penninghen, une école d’architecture intérieure, de communication et de direction artistique située à Paris, dirigeant de la société On/ Off Productions et membre de l’Alliance graphique internationale.
de l’un de ses grands magiciens.
L’IDENTITÉ VISUELLE RENOUVELÉE
En 2018, il évoque l’ensemble de ses vies à travers une série d’entretiens menés par le journaliste Antoine Guillot, retranscrits et publiés dans cet ouvrage superbement illustré, qui nous plonge dans l’univers de ce génie du graphisme. Des murs de cafetières et théières, un curvigraphe, une collection complète des romans policiers de la « Série noire », les calques préparatoires du générique de M6, un nuancier Pantone… Entre les photographies de son travail et ses images d’archives, Étienne Robial revient sur ses années de formation, les bienfaits de sa collectionnite aiguë, son engagement dans la lutte de Mai-68, qui lui valut un séjour en prison, et, enfin, les multiples facettes de sa foisonnante carrière. Une carrière durant laquelle il a transformé le domaine du design graphique et des arts visuels français grâce à « une approche transversale, dont la géométrie, les soucis de la lisibilité et de l’équilibre constituent la colonne vertébrale ».
Canal+, M6, La Sept, RTL9, Télérama, Les Inrockuptibles, L’Équipe, le PSG, le CNC, Unifrance comptent parmi les grands noms qu’il a habillés ou rhabillés. Une identité visuelle qui va bien au-delà de l’écran télévisé, puisque, chez Canal+ par exemple, le moindre détail est soumis à une charte graphique stricte, de la signalétique du parking à l’affichage syndical en passant par le papier à lettres. Une rigueur absolue qui lui vaut le surnom d’« ayatollah ». Ouvrage d’une grande richesse, La Fabrique d’Étienne Robial constitue une source essentielle pour l’histoire du graphisme français, racontée à travers la voix et les yeux de l’un de ses grands magiciens.
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La Fabrique d’Étienne Robial. Entretiens avec Antoine Guillot, Paris, Éditions B42, 2022, 112 pages, 20 euros.