Tous les goûts seront comblés au fil de cette édition d’Art Brussels, grâce à une offre proposée par 165 exposants originaires de 35 pays et répartis en cinq sections, preuve de l’extrême diversité de la foire. Cette diversité se remarque surtout dans le bâtiment principal où l’ancienne section Rediscovery, désormais intitulée ‘68 Forward, est dorénavant dispersée parmi les autres stands, resituant les artistes de cette section dans une histoire générale de l’art de ces cinquante dernières années. Soit celle d’Art Brussels… qui n’oublie pas ses fondamentaux.
On y trouve bon nombre de solos shows, comme celui que la galerie Laurentin (Paris-Bruxelles) consacre à la redécouverte du peintre optique belge André Beullens (1930-1976), dont les toiles sont proposées à des prix allant de 1 500 à 15 000 euros, en parallèle à l’exposition qui se tient dans son espace bruxellois, où Jean Claude Gandur vient d’acquérir quatre tableaux. Autre peintre belge décédé trop jeune, Englebert Van Anderlecht (1918-1961) – tenant d’un expressionnisme abstrait bouillonnant – est superbement mis en avant par la galerie zurichoise Dierking (entre 145 000 et 250 000 euros pour les grands formats). On ne manquera pas non plus le prestigieux solo show que la galerie strasbourgeoise East consacre à Wolf Vostell (1932-1998) avec des pièces de qualité muséale proposée entre 55 000 et 90 000 euros, pour lesquelles le marchand Steven Riff affirme d’emblée « enregistrer de bons retours ».
Pour Loïc Garrier (Ceysson & Bénétière), « le démarrage est certes un peu plus lent que d’habitude. Le rythme est plutôt normal, sans être exceptionnel. Nous avons déjà vendu plusieurs œuvres, dont un grand Viallat et trois pièces de Marinette Cueco de notre solo show ». Pour son confrère Olivier Meessen (Bruxelles), « dès le premier jour, jeudi 24 avril, nous avons bien travaillé avec des ventes d’une large amplitude, entre 5 000 et 100 000 euros (pour la grande pièce de José María Sicilia). Nous avons rencontré de nouveaux clients, surtout des Belges et plusieurs achats sont en attente de confirmation. On ne perçoit pas de fébrilité et le public reste intéressant et cultivé ».

Vue de l’installation de Judith Grassl (Galerie Claire Gastaud, Paris - Clermont-Ferrand). Photo : B.M.
En ce qui concerne les contemporains, si près d’une trentaine de galeries accolent un solo show à leur stand principal, quelques-unes ont néanmoins réservé l’intégralité de leur espace à un seul artiste. Ainsi Annie Gentils (Anvers) dédie son emplacement au jeune Belge germanophone Yann Freichels (né en 1996), dont les peintures historicisantes (de 6 000 à 12 000 euros) ne passent pas inaperçues. Il en va de même pour l’artiste minimaliste allemand Frank Gerritz à la QG Gallery (Bruxelles - Knokke), pour la sculptrice française Lélia Demoisy (By Lara Sedbon, Paris), le vidéaste belge de l’espace-temps Emmanuel Van der Auwera (Harlan Levey Projects, Bruxelles) ou encore l’artiste sud-africaine Lebohang Kganye dont les grands portraits sur toiles en coton s’échangent à 23 000 euros sur le stand de La Patinoire Royale Bach (Bruxelles).
Le Solo Prize, d’une valeur de 15 000 euros, est revenu, lui, à Julien Creuzet pour son installation immersive monumentale chez Mendes Wood DM, où il mêle le mythe grec d’Andromède à la figure du diable rouge de la Martinique, où il a grandi. Le Discovery Acquisition Prize (10 000 euros) a été attribué à une autre installation spectaculaire et multidisciplinaire, Urbi et Orbi, du vidéaste, performeur et plasticien anversois Thomas Verstraeten (Fred & Ferry, Anvers) qui renouvelle le regard sur l’évolution de nos villes actuelles. Parmi les différents solos de cette section Discovery, la mise en abîme du stand de la galerie Claire Gastaud (Paris - Clermont- Ferrand) par la peintre allemande Judith Grassl (de 1 600 à 18 000 euros) retient le visiteur, tout comme le superbe travail des toiles traitées à la fumée par la jeune Congolaise Géraldine Tobe (née à Kinshasa en 1992), en lien avec l’histoire coloniale du pays et vendues à 12 000 euros par la galerie Afikaris (Paris).

Vue de l'installation de Wolf Vostell, (The Angel (Die Angel) Archai, 9 qcm Fluxus TV et Kafka's boat) au stand de la Galerie East (Strasbourg). Photo : B.M.
Alex Reding (Nosbaum Reding, Luxembourg et Bruxelles) souligne également « la très bonne ambiance et la belle qualité générale du salon. Nous avons vendu à des collectionneurs belges, à des prix d’entrée. Il n’y a pas de folie, mais le marché est loin d’être mort. Je trouve cependant que pour le moment, nous n’avons pas encore vu assez de visiteurs internationaux ».
Nathalie Berghege (galerie Lelong & Co., Paris - New York) est, quant à elle, l’une des plus optimistes : « s’il est toujours difficile de se prononcer après seulement une journée, les ventes sont dynamiques même si ce ne sont pas les œuvres plus chères qui sont déjà parties. Nous montrons plusieurs nouveaux artistes et il y a un passionnant travail de communication à effectuer ; c’est une démarche des plus positives, car les gens sont très réceptifs, comme toujours ici à Bruxelles. »
Art Brussels, jusqu’au 27 avril 2025, Brussels Expo, Palais 5, place de Belgique 1, 1020 Bruxelles, Belgique, artbrussels.com